C’est sur l’île de Kyushu que nous avons entamé notre dernière semaine au Japon et plus exactement dans la ville de Beppu sur la côte Est de l’île, où nous avons logé 3 nuits dans une auberge de jeunesse toute neuve et très fonctionnelle, et évidemment très propre !
Samedi 22, nous avons pris un train vers 9h pour nous rendre dans le centre de l’île, se balader au Mont Aso, un volcan actif, l’un des plus accessibles au monde.
Les vents capricieux ont décidé que nous n’irions pas sur les abords du cratère.
C’est sur le Mont Kishima, voisin de l’Aso que nous avons pu admirer l’endroit, très beau, quoique bien bétonné pour la grande majorité des touristes en costume du dimanche.
Dimanche, nous avons choisi de rendre visite à 3 des 7 enfers pour constater à nouveau que la nature est surprenante, belle et que le centre de la terre bouillonnant n’est pas si loin que ça... cette perspective est parfois effrayante...
Nous en avons profité pour nous détendre en fin de journée dans un Onsen familiale...
Lundi, direction Fukuoka et la côte ouest, 3 jours plutôt cool où pour la première fois au Japon, les tarifs d’hébergement nous ont permis de louer un petit appartement neuf. Nous avons pu retrouver notre intimité familiale... avec en prime une toute petite terrasse pour prendre nos petits-déjeuner..
Nous avons pu voir encore quelques beaux monuments anciens et très modernes, pour nous rappeler que nous étions toujours au Japon et nous avons tenté une dernière fois de trouver le soleil sur la plage pour une trempette, que nous avons remplacé par une balade en bord de mer faute d’un vent très fort.
Le lendemain, après une journée entière dans notre appartement à nous occuper de nos routines de voyageurs : école pour Pierre, article du blog, tri et stockage des photos, réservation des hébergements à venir en fonction des choix de destinations que l’on fait, nous avons fait une visite nocturne de la ville et constaté que celle-ci se pare la nuit de couleurs chatoyantes et brillantes malgré les journées grises qui se succèdent les unes aux autres.
Pour amorcer notre retour vers la capitale, nous avions prévu une escale à Hiroshima et sur l’île de Miyajima...
Sans vraiment l’anticiper, nous avons été inspirés d’attendre la fin de notre escapade car il s’agit probablement des moments les plus forts de ce voyage en terres nippones.
Au delà de son magnifique château très beau en plein centre-ville, la visite d’Hiroshima est pour nous un des moments des plus surprenants de ce voyage.
Nous avons été emprunts d’une forte émotion quand nous avons vu tous ces gosses venant apprendre une partie dramatique de leur histoire.
Ce pays « petit » prend une autre dimension à nos yeux...
Le Japon est le seul pays au monde à avoir subi 2 attaques nucléaires, le 6 août 1945 à 8h15 à Hiroshima et le 9 août à Nagasaki...au total environ 250000 morts.....
Le Dôme de Genbaku conservé en l’état est pour le moins un endroit impressionnant et solennel.
L’histoire tragique de ce peuple que l’on sent souvent si distant, presque craintif à notre égard, expliquerait-elle cette impression de force de caractère dégagée.
Ce calme presque déstabilisant à l’approche d’un nouveau typhon nous confirme qu’il nous parait hors du temps, presque extra terrestre...
Comme si ces dernières heures voulaient que l’on ne conserve qu’un souvenir grave et émerveillé du Japon, nous avons été accueillis de la plus charmante des façons dans notre dernière auberge de jeunesse un pied du ferry qui nous a conduit dès le vendredi matin vers la magnifique petite île de Miyajima sous un soleil radieux...
Effectivement nous avons été rassurés sur la beauté des paysages de ce pays que nous n’avons pas toujours pu apprécier faute d’une météo capricieuse en ce mois de septembre.
Quel régal cette randonnée paisible et ascendante qui nous permet juste en sa sortie au sommet, une vue spectaculaire sur la baie d’Hiroshima et de ses Îles.
On oubliera un peu la visite furtive d’Himéji, samedi, lors du retour sur Tokyo. La pluie battante précédant le typhon nous aura juste permis d’acquérir 2 parapluies transparents japonais, histoire de leur faire prendre l’avion et de finir par les oublier certainement plus tard.
Vous ne nous en voudrez pas de terminer le récit de notre aventure nippone par l’étalage de sentiments plus profonds.
Nous évoquions sans rentrer dans le détail d’aspects agaçants que pouvaient provoquer chez nous les us et coutumes des habitants de ce pays.
Effectivement, on déteste leur reniflement en public (se moucher est impoli !!). Imaginez la superbe minette sapée de Channel et autre Gucci qui attend de pouvoir emprunter passage piéton, grommelant un espèce de raclage de nez totalement improbable à coté de vous, sans imaginer une seule seconde que vous ne la regardiez d’un seul coup plus du tout de la même façon....
Stéphanie a horreur de leurs Slurp absolument ignobles dans tous les restaurants où les pâtes se dégustent exclusivement de cette façon là.... Pierre, lui adore ces moments de total lâchage où on ne peut pas lui dire grand chose tellement il est fier de « s’intégrer ».
Je déteste devoir tout payer en cash partout : dans ce pays ultra moderne, même lorsque l’établissement (hôtel, supermarché, restaurant...) accepte la carte de paiement ce n’est pas sans tordre du nez.... ce qui a néanmoins comme vertu une certaine discipline de la dépense.
Il est détestable de les voir utiliser autant d’emballages pour tout et rien et surtout de sur-emballer... le moins écolo d’entre nous serait choqué.....
Il ne nous est pas facile de comprendre que porter un masque sanitaire ici est une marque de respect pour éviter la propagation de microbes.
Ce serait bien « léger » cependant de résumer ce voyage à l’observation de ces habitudes de vie.
Je pense que le « bip » des passages piétons nous informant que l’on peut traverser qui finissait par nous casser les tympans, les distributeurs automatiques de boissons qui jonchent les rues sans vraiment les décorer ou encore la discipline presque militaire que ces habitants arborent dans les files d’attente et qu’il est compliqué de respecter à leur manière pour nous latins, vont nous manquer.....
Alors, ce que nous ressentons ce matin en quittant le Japon (à part la trouille que j’éprouve avant de prendre l’avion vu la météo annoncée), c’est du respect, une sorte d’admiration et peut-être un soupçon de jalousie...
S’attacherait-on comme ça si vite à un endroit, à un pays ??
Après 8 semaines, serait-on dans une sorte d’habitude de voyageur qui transforme l’étonnement, l’agacement, l’admiration en une agréable « routine »... ??
Ou tout simplement, le voyage prendrait-il une autre tournure ?
Le sentiment qui nous caractérise le plus au moment où nous rédigeons ces lignes dans l’avion entre Tokyo et Kuala Lumpur, c’est la « fierté »...
Nous adorons le rouge, le pain, le fromage de brebis, l’apéro avec les copains, le saucisson et les escapades dans les Pyrénées.... En parcourant ces pays, nous sommes fiers d’être Français, de cette culture, de cette histoire qui nous habite, de notre langue, de notre gastronomie, de nos magnifiques paysages, de penser à nos amis, à notre famille.
Mais nous avons adoré nous laver le cul avec le jet des toilettes, nous savons manger maintenant avec des baguettes, nous adorons le poisson cru, le Udon, l’okonomyaki et finalement le futon c’est plutôt très agréable.
Nous ne sommes pas fiers de continuer à saloper la planète en n’améliorant pas notre bilan carbone compte tenu de la quantité de kérosène nécessaire à faire voler cet avion.
Mais en voyageant, nous sommes surtout fiers d’être des citoyens du monde, d’avoir cette chance inouïe de voir autre chose, de croiser d’autres civilisations, de vivre ces moments rares...
Nous prenons conscience avec émotion et une certaine gravité de ce que nous vivons.
Nous savons que les habitants de Sherpagaun que l’on va rencontrer dans quelques jours au Népal ne prendront certainement jamais l’avion de leur vie et n’auront pas l’occasion comme nous, de se balader sur la planète comme cela nous est permis à nous occidentaux.
Nous imaginons donc aisément que l’on peut vivre et être heureux sans voyager mais sans amour ce n’est guère possible et la fierté qui nous habite en ce moment est liée à l’amour que nous ressentons pour le monde, ses beautés, ses occupants, ses cultures et ses différences....
Alors, amis Français et habitants du monde, 8 semaines déjà que nous sommes partis, nous allons continuer à prendre la route, vivre à fond, nous fondre dans le paysage, traverser les apparences et nous habituer aux différences ....
A bientôt au Népal !
« Arigato gozaimasu » Japan !