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Tashi delek

Journal - Népal - 21-10-2018




Le dimanche 30 septembre, nous avons atterri à l’aéroport de Katmandou.

Les derniers instants précédant l’atterrissage, même étant quelque peu préparés, nous sommes loin d’imaginer le changement auquel nous allons être confronté.


Malgré une nuit très noire, dès la sortie de la carlingue et les premiers pas pour se rendre dans le très vieux bus de l’aéroport, nous nous rendons compte de suite que ce pays ne bénéficie pas des mêmes infrastructures que ce que nous venons de connaître ces 2 précédents mois.


Nous avions pris soin d’acquérir nos visas avant de quitter la France et c’est avec plaisir que nous constatons que c’était une bonne idée, vu les files d’attentes et l’heure tardive.


Après avoir récupéré nos bagages dans une sorte d’organisation qui n’en est pas une, nous nous dirigeons vers la sortie de l’aéroport afin de trouver un taxi « Prepaid », opération qui se réalise sans difficulté.


Il est ensuite plus compliqué de trouver un distributeur nous permettant de retirer nos premières « Roupies népalaises », ce que nous n’arriverons pas à faire à l’aéroport.


Nous nous dirigeons vers l’une des toutes petites voitures blanches qui va nous servir de taxi, le chauffeur s’étant proposé de nous poser plus tard en centre ville pour retirer de l’argent.


La route qui nous amène à notre hôtel dans le quartier de Thamel, en centre ville de Katmandou, ne ressemble en rien à ce que nous avons vu au Japon.

L’éclairage médiocre des rues ne nous empêche pas d’observer immédiatement les abords jonchés de détritus, la  poussière nauséabonde ou encore les chiens errants absolument partout. Si l’on y rajoute le concert de klaxons et un code de la route des plus anarchiques, le cumul des changements brutaux qui se succèdent les uns aux autres apparaît d’ores et déjà comme une « gifle » et n’est pas sans provoquer une certaine angoisse collective exprimée sans retenue par Pierre.


Telle la « cordée » que je peux évoquer avec davantage de dextérité que notre président Macron, je comprends que la potentielle promiscuité ainsi que les « dangers » objectifs et subjectifs auxquels nous allons être exposés vont impliquer une grande solidarité entre les 3 compagnons que nous sommes. 


L’arrivée à l’hôtel fini de calmer l’enthousiasme que Pierre avait encore il y a quelques heures, et bien que je tente d’utiliser des propos réconfortant avec une apparente « philosophie » c’est avec une certaine appréhension que nous ouvrons la porte de la chambre de cet établissement, réservé quelques minutes avant de nous envoler du Japon.


Nous sommes bien fatigués après ces 12h de vol et malgré l’heure tardive ce n’est pas sans difficultés que nous trouverons le sommeil avec je l’imagine aisément une pointe importante de nostalgie nippone chez mes 2 acolytes.


Quant à moi, après une douche des plus originales, je m’efforce d’envisager positivement la journée du lendemain, où nous allons faire la connaissance de Jean Jacques et Kanchhi. 

Malgré le bruit assourdissant de cette ville, nous finissons par trouver le sommeil.




Les premières lueurs du jour derrière les rideaux peu opaques et le décalage horaire (-2h45) vont nous réveiller tôt et comme si la « gifle » d’hier soir n’avait pas suffit, il faut bien reconnaître que la fenêtre de notre chambre du 6ème étage donne une vue pour le moins troublante après ce mois passé en terre « impeccable et propre » du Japon.




Ces premiers instants sur le sol népalais sont déstabilisants et nous sommes rassurés de voir arriver Jean Jacques et Kanchhi plus tôt que prévu autour de notre petit déjeuner pour envisager notre « programme » qui consiste à quitter Katmandou au plus vite et rejoindre les montagnes himalayennes.


Malgré cette volonté de laisser place à beaucoup d’improvisations dans notre voyage, il est des destinations et des moments où il peut s’avérer utile d’anticiper un peu, non pas pour des questions de « sécurité »,  je sais bien que celle-ci est une « obsession pathologique » de nos sociétés, mais pour tout simplement donner un sens à notre visite du pays.




Qui sont Jean Jacques et Kanchhi ?


Cette rencontre improbable avec ces 2 personnes qui sont, un peu malgré eux, devenues acteurs, guides, interprètes et maintenant nos amis, a donné au début de notre aventure dans ce pays exceptionnel un relief tout particulier.


Nous n’imaginions pas venir dans le pays de la plus grande chaîne de montagne au monde et ne pas envisager un trek.

Le choix est multiple et tout peut s’envisager sur place quoiqu’en disent les professionnels du tourisme en France, à condition d’avoir le temps de préparer son séjour.




Mais nous voulions également associer à notre visite un aspect culturel et solidaire.


En septembre, après quelques recherches, nous avons pris contact avec Les Amis de Sherpagaun


Jean Jacques, président de cette association ayant pour objectif d’aider les habitants à la reconstruction du village après le tremblement de terre de 2015, avait évoqué avec nous par mail ces possibilités de trek, rencontres, découverte des cultures locales, hébergement solidaire, sans y intégrer de notion d’obligations.

Le hasard du calendrier faisant qu’il arrivait à Katmandou la veille de notre arrivée, la rencontre n’en était que plus facile.


Kanchhi, est une jeune fille népalaise de 20 ans, qui a ses racines à Sherpagaun, qui étudie à Katmandou et qui connaît très bien Jean Jacques. Celle-ci se propose de nous héberger chez sa mère au village et de nous accompagner dans la vallée.


Nous avons passé une bonne partie de la matinée à parler de ce que l’on pouvait envisager et c’est avec enthousiasme que nous avons compris que nous allions à la fois bénéficier de l’aide de nos 2 compagnons dans notre voyage, tout en étant libres de nos mouvements et de nos choix futurs.


Rendez vous fixé le mercredi matin pour un départ de Katmandou en direction de la vallée du Langtang.




Quelques heures avant de quitter le Japon, nous avons également eu un contact via FB avec une famille « tourdumondiste » arrivant au Népal quelques heures après nous.


Pauline, Marco, Anna et Emilio, Les Paz Partout , sont arrivés lundi en fin de matinée. 

L’improvisation des voyages et la liberté de tous ont fait que nous avons décidé de déjeuner ensemble afin de faire connaissance. 

Ce fût, en ce lundi après-midi, un très agréable moment de partage, d’échanges et de jeux pour les enfants qui sont en demande.

Nous reprendrons en fin d’après-midi, la suite de nos périples respectifs en imaginant sans contrainte une possible rencontre ultérieure, compte tenu de notre destination similaire au Népal : la région du Langtang. 




Mardi est une journée destinée à la réorganisation logistique de notre paquetage familiale. 

Mon backpack donnant déjà des signes de fatigue, très embarrassant à l’approche d’un trek, nous faisons l’acquisition d’un nouveau sac et opérons un changement visant à me faire porter la plus grosse partie de la charge durant nos balades en montagne. 

Nous préparons aussi un paquet qui restera à Katmandou chez Kunsang, une amie de Kanchhi, que nous récupérerons à l’issue de notre séjour.


Après plusieurs retraits bancaires effectués nécessaires à notre vie en montagne, nous rejoignons Swayambu à l’ouest de Katmandou pour être plus proche de notre point de départ du lendemain matin de bonne heure.




Un trajet en taxi des plus exotiques, dans une circulation invraisemblablement bordélique, nous amène à la rencontre de Jean-Jacques et Kunsang.


Nous prenons possession de la chambre la plus glauque et sale que nous ayons eu l’occasion de voir, dans un hôtel que je serai amené à ouvrir et fermer pour en sortir le lendemain matin.





A ce moment-là, nous commençons à être très impatients de quitter Katmandou, nous imaginions ces situations pendant notre  périple mais cela est difficile à supporter.


Nous entendons nos médias occidentaux et certains politiques parler tous les jours de la pollution, du réchauffement climatique et des conséquences potentiellement désastreuses pour notre planète. 

Nous en avons conscience en France, mais nous sommes encore très préservés, ce qui rend les discours alarmistes souvent inaudibles.

Alors que la pollution nous pique la gorge, nous brûle les yeux, que les rues sont jonchées de détritus en tout genre, que les rivières  sont des décharges publiques et que nous croisons la misère à chaque coin de rue, nous prenons conscience concrètement de la responsabilité planétaire.


Je souris en grimaçant à l’idée que nous avons de préserver nos «acquis» jamais suffisants, en pensant que «l’autre», le voisin est souvent responsable de nos maux, que les bateaux chargés de migrants doivent être re-router pour ne pas perturber notre « petit confort » de bourgeois occidental nanti...    et je souris encore perplexe, en imaginant l’exode humain massif et irréversible que nous allons provoquer et que nous ne pourrons maîtriser. 

La situation très avancée et les dégâts sont tels que nous sommes forcément au devant d’une catastrophe écologique et humaine majeure avec probablement un effet domino. 

Nous devrons, de gré ou de force, ôter nos œillères, ne plus imaginer les frontières telles que nous les avons connu et cela certainement beaucoup plus rapidement que ce que nous l’imaginons.




Nous regrettons d’entamer notre séjour au Népal par cette analyse sombre et de vous la faire partager mais même si nous envisageons une action « colibri » durant notre séjour, cette vision de Katmandou nous assomme quelque peu, surtout que nos premières rencontres nous confirment que la situation s’est empirée de façon exponentielle ces dernières années.


Très rapidement installés dans notre chambre, nous partons en promenade autour de Swayambhunath et le célèbre temple des singes pour observer les magnifiques couleurs de la ville, malgré le nuage de pollution et les détritus qui confère au lieu un aspect morbide.





Nous retrouvons ensuite Jean-Jacques pour un dîner chez Sonam l’une des sœurs de Kanchhi. 

Nous passons une excellente soirée, chaleureuse et rassurante autour d’un « tasty » dalh bat.




Nous partons mercredi matin en direction de Syabrubesi pour un trajet en 4x4 d’environ 8 heures ou plus.




Heureux de sortir de Katmandou, nous n’en serons pas pour le moins ballotés sur les routes tortueuses, étroites et pourvues d’ornières que même nos tracteurs européens n’ont pas l’habitude d’emprunter. 

Stéphanie en sera quitte pour quelques frayeurs lors de passages scabreux en bord de précipice.




Les nombreux arrêts voulus, ou non, permettront aux 120kms de paraître un peu moins longs : déjeuner, pauses techniques, panne...




Vers 16h30, nous arrivons enfin à Syabrubesi, dernier point de civilisation urbaine et routière, avant d’entamer notre périple en montagne himalayenne.


Une bonne nuit avant d’attaquer les 800m de dénivelé positif nous permettant de joindre un point intermédiaire : le village de Benjang.




Nous aurons mis 2h30 pour rejoindre ce joli petit village permettant déjà un beau point de vue. D’ici, nous pouvons observer les hauts sommets chinois puisque nous sommes à 15kms de la frontière.





Étant donné que notre programme est très improvisé, la rencontre avec Karsang Dawa, directeur de l’école et néanmoins aubergiste nous fait modifier notre programme. 




Les vacances débutant le vendredi soir, nous décidons en ce jeudi d’octobre de rester au village pour que Pierre puisse goûter aux joies de l’école népalaise l’après-midi même et le lendemain.

Expérience inoubliable !




Ce même après midi, pendant que Pierre travaille, nous rejoignons le village de Khangjim et son Gumba à 15’ de marche pour participer à une cérémonie d’anniversaire du décés d’un habitant : un rassemblement festif, villageois, familial où ne manquerons pas de déguster quelques spécialités locales dont le très célèbre thé tibétain au beurre de yak : le Pö cha.




Vendredi, nous laissons Pierre entre de bonnes mains pour sa seconde et dernière journée d’école !!  Déjà !!

Nous partons visiter, à 1H30 de marche, le village de Bridhim et son Gumba en construction.




Nous nous interrogeons nécessairement sur le bien fondé de telles constructions, onéreuses, à la vue des habitations privées, pas toujours en très bon état mais la journée d’hier nous permet de comprendre que ces endroits, ces « maisons communautaires » telles que les définit Jean-Jacques, sont des endroits essentiels dans ces villages; les habitants des villages aiment s’y retrouver. La notion du « vivre ensemble » semble ici avoir une toute autre dimension que dans nos pays.





En début d’après midi, après des au revoir chaleureux avec nos hôtes, nous nous mettons en route sous une chaleur accablante pour Sherpagaun.




Après 2h30 de marche, nous apercevons enfin ce village détruit par le tremblement de terre de 2015. 




Celui-ci semble bien ressorti de ses cendres. Ce qui nous surprend le plus en entrant dans le village, ce sont ces lodges accolés les uns aux autres qui masquent toute autre forme d’habitation.




Nous allons donc faire preuve d’originalité en logeant chez la « ama » (maman) de Kanchhi...  celle-ci va en effet, nous recevoir dans sa toute nouvelle habitation que nous trouvons fort accueillante malgré son côté évidemment rudimentaire pour des occidentaux : 2 pièces, l’une étant destinée à la cuisine et aux moments de convivialité et l’autre étant une chambre avec 3 lits, dont on suppose un aménagement récent presque nous attendant. Ce qui semble être le cas puisque nous sommes les premiers voyageurs à « tester » cet endroit.

Bien évidemment, ce qui fait office de toilette et de salle de bains se trouvant à l’extérieur.




Nous sommes bien à Sherpagaun: il fait frais le matin puis le ciel se dégageant, le soleil nous caresse agréablement la peau vers 8h. 




Nous allons y rester 5 jours sans avoir vraiment anticipé ce choix et vivre doucement notre semaine.


Balade à Rimche à l’entrée de la vallée du Langtang pour de jolies rencontres.





Cuisiner le dalh bat, les momos et les pains tibétains et apprendre la préparation du Pö Cha.






Discuter des heures entre francophones et partager le thé avec nos hôtes locaux (Phurpu Tamang et son mari, Pempa Lhamu, Dindhu, Tenzin, Sanglhamu Lama, Gyalsang Tamang, Yang Lopchan, Ang Lhakpa....).





Planter de l’ail, réfléchir, faire des siestes des plus reposantes.




Lire, observer les couchers de soleil fabuleux, jouer aux cartes et rire.




Ecrire et préparer le trek de nos prochaînes aventures himalayennes.




Alors avant de vous retrouver pour de nouvelles aventures, il nous est important de vous dire du haut des montagnes Népalaises « que la vie vous soit douce ! »....


Namasté 🇳🇵


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