C’est en lisant par hasard un blog de voyageurs que j’ai découvert cette partie méconnue de la Bolivie.
En effet la forêt amazonienne recouvre presque les 2/3 de ce pays et pourtant la Bolivie ne nous évoque le plus souvent que ses montagnes, ses hauts plateaux, le Salar d’Uyuni, le lac Titicaca et ses lamas.
Je suis attirée par la découverte de cette autre facette: climat tropical et animaux de la pampa.
Depuis La Paz, il existe deux options pour rejoindre Rurrenabaque, ville qui ouvre les portes de l’Amazonie : la route de la mort (jetez un œil sur YouTube...) où régulièrement des bus tombent dans des ravins vertigineux (dernier en date en avril : 25 morts) ou bien l’avion... Nicolas aime toujours aussi peu prendre l’avion mais quand même : la vie n’a pas de prix alors même si cela coûte plus cher, nous n’hésitons pas...
Arrivés à bon port, nous avons la sensation d’avoir changé de pays tellement le dépaysement est important....
Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps, après plusieurs semaines en altitude, habitués à ne plus voir beaucoup de végétations et à avoir froid, nous sommes surpris d’atterrir dans la jungle verdoyante et de sentir cette moiteur ambiante.
Cette sensation est plutôt agréable !
Nous avions pré-réservé par internet une excursion de 3 jours dans la pampa pour découvrir la faune et la flore locale. Ainsi un chauffeur de taxi, envoyé par l’agence est venu nous attendre à l’aéroport et nous amener à l’agence de tourisme.
La ville est remplie de ce type d’agences qui proposent à peu près toutes la même chose: des excursions soit pour la pampa soit pour la selva (treck dans la forêt amazonienne plutôt orienté sur la découverte des plantes et leurs bienfaits médicinaux et rencontre avec des bébêtes telles que les tarantules !).
Nous avons choisi la pampa, c’est une expédition en pirogue où nous découvrirons beaucoup d’animaux.
Les modalités réglées, nous nous installons à l’hôtel et profitons de la douceur de la température pour manger à l’extérieur.
Départ dans la matinée pour 3h de pistes très inconfortables et très poussiéreuses pour arriver à Santa Rosa, un petit port où nous attendent des pirogues avec guide.
Nous embarquons sur un bateau de 6 personnes, avec Hassan, l’anglais de Bristol et Helena et Marlène, deux copines allemandes, qui font du volontariat en Bolivie pendant un an.
A peine quelques mètres parcourus et le spectacle est ouvert : à gauche, des caïmans sur la rive... à droite des tortues qui prennent le soleil sur une branche morte... devant des dauphins roses qui sautent... en haut dans les arbres, des hérons, des toucans, des oiseaux, des perroquets bleus et des singes!!!
Les 2h de balade qui nous mènent à notre lodge, pour les deux prochaines nuits, sont passées très vite tant nous avons vu de belles choses.
Nous sommes accueillis par Diego, le crocodile de garde!
Après un petit goûter, inclus dans la prestation, nous repartons en pirogue pour voir le coucher de soleil.
Nous nous badigeonnons de répulsifs et enfilons les chemises blanches, prêtées par l’agence, armure obligatoire face à notre plus gros ennemi, les moustiques, qui dans cette région sont porteurs des maladies tropicales classiques : la dengue, la fièvre jaune, la malaria.
Effectivement à la tombée de la nuit, ils attaquent vivement ce qui n’empêchera pas Pierre de participer à une partie de foot endiablée avec quelques touristes venus se perdre par ici également...
Au retour, munis de lampe frontale, nous cherchons les yeux rouges des crocodiles qui sont à l’affût d’une éventuelle proie.
Malgré un environnement hostile, nous passons une excellente nuit sous nos moustiquaires.
Le lendemain matin est prévue une balade dans les marécages avec des herbes hautes à la recherche des anacondas, vivants ici.
Nicolas et Pierre n’ont voulu participer à cette expérience qui les stressait.
Moi, je suis partie plutôt excitée à l’idée de croiser ce reptile dans son milieu naturel.
Pour cela, j’ai enfilé ma parure de combat: bottes en caoutchouc, chemises à manches longues, pantalon et chapeau. Le guide nous explique que nous allons marcher de ce champ pendant environ 2h et qu’il n’est bien sûr pas certain de trouver l’animal.
Nous attaquons tout d’abord en le suivant à la queue leu leu en regardant où nous mettons les pieds; nous avons de l’eau jusqu’aux mollets, il y a des herbes hautes, il peut aussi y avoir des caïmans puisque la rivière n’est pas très loin. Franchement c’est très stressant mais aussi excitant, quand tout d’un coup le guide court et coince un serpent avec son bâton en forme de Y!
Nous sommes chanceux, Gary, notre guide, a réussi à attraper le reptile à pleines mains alors qu’il tentait de s’échapper dans les racines mouillées. L’anaconda mesure environ 2m50... ce serpent n’est pas venimeux mais il tue ses proies par constriction.
Pour le fun, j’ai osé le mettre autour du cou en lui tenant la tête et la queue. Nous laissons partir l’animal et continuons notre balade. Nous avons la chance d’en voir un autre, trouvé par un autre groupe.
Nous rentrons vers la pirogue, un peu fatigués de cette marche en plein soleil où il fallait lever les pieds bien hauts pour marcher sur les herbes.
L’après-midi était plus calme, d’abord sieste dans les hamacs et puis pêche aux piranhas sur la pirogue à l’ombre. Gary nous donne à chacun une ligne avec un hameçon et des petits morceaux de viande: l’exercice est assez facile tellement ces poissons sont voraces avec leurs dents pointues!
Nous pêchons à 5 une douzaine de poissons, qui disposés en brochette feront une partie de notre repas du soir: il n’y a pas grand chose à manger mais c’est bon.
Pour le dernier jour, l’activité prévue est la nage avec les dauphins roses.
Eh oui dans cette même rivière où vivent les crocodiles et les piranhas !!! 😱
Personnellement cette idée ne m’enchante pas (Nicolas non plus d’ailleurs !) même si Gary nous explique que à l’endroit où il y a des dauphins, il n’y a pas de crocodiles car ces mammifères se nourrissent des piranhas et que les crocodiles n’ont plus plus rien à chasser donc ils vont ailleurs !! C’est la loi de la nature: la pyramide alimentaire.
Nous montons quand même sur la pirogue et admirons le spectacle des dauphins qui sont là : nos 3 compères de pirogues sautent en confiance dans l’eau en espérant toucher ces mammifères si gracieux, après quelques minutes à les observer et voyant que l’endroit semble effectivement sans dangers, Pierre se décide à plonger.
Malheureusement personne n’arrivera à toucher de dauphins, ils sont sûrement apeurés de voir tout ce monde de l’eau!!
De retour au lodge où nous rassemblons nos affaires, nous entamons notre retour pour Rurrenabaque : 1h30 de bateau et 3h de piste inconfortable en voiture.
Nous sommes heureux de cette expérience, où le dépaysement est si important que nous avons eu l’impression de changer de pays !!