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Baïkal, la mer douce.

Journal - Russie - 30-08-2018







Irkoutsk


Départ de Krasnoïarsk le 20 août à 14h40 (Paris +5h) - Arrivée le 21 à 10h43 (Paris +6h)


Cette fois, j’en suis sûr je vais enfin déguster mon premier verre de vodka offert par un Russe sur ce tronçon. Je le sais, je le sens... et puis peu importe si celle ci m’arrache les boyaux, ou si le poisson séché se substitue à elle, j’ai envie qu’un lien se crée !! 

Et bien non, ce ne sera pas pour cette fois non plus... le voyage le plus anodin ! On se serait cru en “France” tellement l’indifference régnait !

Mon empathie laisse place à une certaine abdication. 

Je ne suis pas déçu non, car nous passons tous les 3 de savoureux moments (surtout lorsque je gagne aux cartes) mais j’avais envisagé les choses un peu différemment !

Notre motivation est cependant intacte à l’idée de rejoindre la plus grande réserve d’eau douce du monde, et de passer « enfin » des villes à la nature.

Nous avions hésité : Listvianka, Bolshiye Koty et puis finalement la lecture d’un guide de voyage bien connu nous fait opter pour l’île d’Olkon malgré les 5h de trajet en bus qu’il convient de rajouter aux rails !!

A Irkoutsk, nous hésitons avant de nous engager tardivement pour un bus à 16h30 avec une arrivée estimée à 22h30 ou bien passer une nuit ici et prendre un bus le lendemain matin. Certes, notre escale est la plus longue mais nous optons pour filer directement sur l'île, ne voyant pas l’intérêt de rester une nuit à Irkoutsk.

Je confirme donc par mail ma réservation auprès de la fameuse et réputée « Nikita homestead » dont les commentaires sur le guide PF et certains articles de la toile nous augurent d’un séjour idyllique.

Après une file d’attente très « pays de l’Est » dixit les livres d’histoire, longue, pénible  avec les autochtones vous passant devant sans le moindre sentiment de gêne, nous rentrons en « contact » avec la « gracieuse » fonctionnaire du bureau de ventes des transports locaux afin d’obtenir nos billets pour Koujhir, village le plus important de l'île !

Je fais une nouvelle fois l’usage d’un large sourire en adaptant mon anglais  : vocabulaire extrêmement basique et éviter au maximum de construire des phrases sous peine de vous faire rabrouer d’un revers de main en signe d’une totale incompréhension...  Quand je pense au « Past Perfect Continuous »...  vous savez celui avec « had been » que j’essaie désespérément de caser, je me rend bien compte que ce ne sera pas encore à Irkoutsk ...

Ma « grâcieuse » mais néanmoins coquette interlocutrice fini par nous vendre 3 billets plus 3 pour nos sacs (il s’agit encore une fois d’une tarification « préférence nationale ») car nos sacs ont été dans le coffre et n’ont pas pris de places supplémentaires dans le bus ! Sac que j’ai encore pris soin d’alléger, n’ayant pas eu l’usage d’un vieux jean et pull-over depuis le debut du voyage, de 3 coupelles en plastique afin d’envisager des pique-nique sauvages ainsi que quelques bricoles supplémentaires, je prépare un sac plastique rempli de toutes ces inutiles choses que je prend soin de laisser proprement dans le hall d’attente de la gare routière, espérant faire un “heureux”...  je n’en serais rien !


Nous voici donc à bord d’un beau mini-van de la marque « M-étoile » néanmoins dépourvu de climatisation malgré la chaleur oppressante.. l’hiver durant 8 mois sur 12 dans ce pays, j’imagine que les Russes en voient peu l’intérêt à moins que ce soit par conviction écologique, mais compte tenu d’autres éléments observés, j’en doute fort !

Le voyage se passe plutôt bien, nous sommes installés à l’avant et c’est assez confortable .... 





A mi-chemin le chauffeur s’arrête pour une pause d’une trentaine de minutes, compte tenu de son attitude, j’imagine une certaine routine bien compréhensible. Même si je suis quelque peu impatient d’arriver sur l'île, d’autant que le soleil se couche et que quelques photos au moment de prendre le ferry me font d’ores et déjà rêver !

En attendant, je me réinstalle dans une presque « interminable » file d’attente afin de tenter l’acquisition de quelques victuailles. La patience étant l’une de mes grandes « qualités », inutile de préciser que ce voyage est d’ores et déjà pour moi une thérapie comportementale !!! d’autant que mes nerfs sont mis à rude épreuve lorsqu’une nouvelle fois, bon nombre d’autochtones me passent allègrement devant... j’ai bien noté lors de lectures, précédent le voyage, leur capacité d’adaptation à la promiscuité et notamment dans le train, j’ignorais que celle-ci se traduise également par des collés serrés dans les filles d’attente pour conserver sa place. 

Une nouvelle fois je m’adapte en “ russifiant “ mon attitude.


Une heure plus tard, alors qu’il me reste quelques secondes à peine pour dégainer mon appareil photo, nous embarquons sur le ferry pour une traversée de quelques centaines de mètres... 





Je profite de cet instant précieux pour éjecter malencontreusement mes lunettes de soleil par dessus bord d’un geste sur ma chevelure pourtant désormais courte. 

A noter, et je n’en suis pas fier que j’ai déjà oublié lors de notre première nuit en Russie une paire de lunettes de vue dans notre chambre... Un allègement du sac cette fois-ci bien involontaire.

Ayant entendu dire qu’un sac lourd transportait davantage nos angoisses que de choses utiles, je constate avec une  enthousiasme relatif que malgré mon âge avançant, il se peut que ma vue s’améliore.. il s’agit bien entendu d’un argument tout à fait fallacieux que j’use auprès de Stéphanie pour justifier mes actes manqués.

La suite du voyage est beaucoup plus chaotique puisque les 35 derniers kilomètres sur l’île se font  sur une piste “le salaire de la peur”, heureusement nous ne transportons aucun produit explosif, enfin je l’espère !!

A destination, nous avons l’agréable surprise d’être questionné par le chauffeur dans un langage mixant : les signes, les gestes, le russe, le Français et l’anglais pour vous donner une idée, afin de connaître notre destination finale et nous dépose devant notre auberge... Comme quoi, la communication est toujours possible !

Nous sommes attendus, ayant pris le soin de préciser notre arrivée tardive et après nous avoir “saisi” nos passeports en nous précisant qu’elle doit les conserver jusqu’au lendemain pour un enregistrement dont on entend parler pour la première fois en Russie, nous sommes conduits à notre chambre.

Les quelques dizaines de mètres séparant l’accueil de notre chambre nous font davantage penser à un bidonville qu’à la fameuse auberge paradisiaque mais nous mettons ça sur le compte de la fatigue ou peut être de la pénombre...

Le sympathique monsieur nous conduit à notre hébergement bizarrement adapté : 2 lits 1 place pour 3, puis ensuite dans la salle de restaurant afin de prendre notre dîner avec une nouvelle fois 2 assiettes déjà complétées du repas pour 3. Nous ne les avions pourtant pas informé de notre volonté d’envisager une diète alimentaire !!

Ayant réservé cette chambre pour la première nuit uniquement, ma correspondante virtuelle ne connaissant pas trop ses disponibilités pour les 2 nuits à venir, nous nous rendons à l’accueil avant le petit déjeuner tel que cela était convenu la veille avec elle.

Elle me dit qu’elle n’avait pas compris que nous étions 3 et me laisse entendre que ce n’était pas prévu, chose à laquelle je lui réponds que je prends bien soin de préciser systématiquement ce détail d’autant que j’avais rempli un questionnaire directement sur leur site ! Dans un anglais aux forts accents sibériens j’imagine, elle s’excuse à demi-mot avec un grand sourire “russe” que vous traduirez par “glacial”...

Adoptant une attitude “commerciale” elle évoque un “discount” pour la nuit passée et aux éventuelles à venir si elle trouve une chambre... 

Elle nous envoie prendre le “Breakfast” et nous salivons à l’idée de se délecter tellement les commentaires sur la cuisine de cet endroit sont dithyrambiques.

A l’issu,  nous revenons à l’accueil souhaitant presque qu’il n’y ait pas de disponibilité  tellement le petit déjeuner venait de nous laisser penser que nous nous étions trompé d’endroit !

Une grande chambre, plus spacieuse, a un tarif avantageux pour les 3 nuits, une sorte de promotion « préférence nationale », vous l’aurez compris, un attrape touriste dans lequel j’ai sauté à pied joint ne voulant pas passer la matinée à chercher un nouvel hébergement....  

À mots à peine couverts, nous n’avons donc pas aimé ce lieu non pas pour l’endroit, la qualité de l’hébergement en tant que tel mais pour le grand écart constaté entre les avis observés manifestement orientés, le tarif très élevé pour la Russie et le niveau de prestation proposé. 

Nul doute que cette expérience générera une attention plus importante plus tard dans nos choix futurs.

Il ne s’agit pas de se gâcher notre séjour sur cette île !




Une fois installés dans notre chambre 3 lits pour nos 2 prochaines nuits, nous partons à la « conquête de l’île »..  Rapidement, le paysage nous interpelle et nous passerons l’après-midi sur une plage alléchante, peu occupée, avec une température pour ainsi dire parfaite. Je parle uniquement de la température extérieure, l’eau n’étant accessible que pour Pierre et moi qui l’accompagne rarement après une phase d’adaptation ponctuée de cris perçants occasionnant l’hilarité des quelques plagistes 



Nous resterons sur la plage jusqu’au dernier moment profitant même de la bienveillance d’un chien ayant vraisemblablement trouvé en Stéphanie une compagne de plage idéale.




En soirée après un dîner « gargantuesquement » triste dans l’auberge d’accueil, nous ressortons observer un coucher de soleil qui a lui seul justifie notre venue sur cette « belle-île-en-mer ».





Nous exploitons la journée du lendemain pour une randonnée longue à travers les forêts et le long de cette plage toujours aussi belle et dépeuplée. 





Nous y observons quelques campements sauvages où les amateurs d’ « into the wild » tentent de s’imaginer en un Tesson rêveur, quelques vacancières préparant le futur reportage de l’application présente sur tous les “machin phone” et où l’on poste instantanément des photos de soi-même surtout, afin de partager avec tout le monde ou personne et ainsi se faire beaucoup aimer....     Ouahhh !  Plus simple de dire “Instagram” !!!!



Malheureusement une incursion plus lointaine nous laisse penser qu’il est nécessaire que les pouvoirs publics locaux trouvent des solutions rapides à la sauvegarde écologique de leur île pour le moment relativement protégée par l’inconfort de l’accès par la piste (mais cela ne pourrait ne pas durer)... De tels endroits n’étant malheureusement pas isolés, il semble que les considérations écologiques dans ce pays ne sont pas une préoccupation majeure, regrettable...  dans un pays affichant pourtant un métro aussi beau et propre dans la capitale.




Nous terminerons la longue balade par quelques brasses dans cette eau transparente et douce mais glaciale de ce lac Baïkal. Pierre en profitera pour un concours de ricochets avec un groupe de jeunes BG Français !




Vendredi, après une dernière balade dans la “capitale” de l'île, nous sommes repartis en direction d’Irkoutsk pour un trajet sous la pluie (pour la première fois depuis notre arrivée !) et dans des conditions de transports sollicitantes pour le dos, ayant hérités des places au fond dans le bus.




Oulan-Oude 


Départ de irkoutsk  le 25 août à 11h18 (Paris +6h) - Arrivée le 25 à 19h45 (Paris +6h)


Une nuit tranquille dans un hôtel modeste mais propre et bien pratique juste à côté de la gare et un départ en fin de matinée pour un trajet que nous voulions faire en plein jour.

Plusieurs heures à longer une dernière fois cette immense étendue d’eau que j’espère revoir une fois dans ma vie, prisonnière des glaces de l’hiver.



Et puis il y a ce train, cette 3ème classe qui malgré son côté authentique et populaire ne nous aura donner que trop peu l’occasion de rencontres inoubliables... nous nous sommes fait une raison et commençons dès lors à “travailler” enthousiastes à notre prochaine destination : le pays du soleil levant !





Bien qu’éphémère notre escale à Oulan Oude nous permet de rentrer davantage en Asie, notre hôte de type ou d’origine mongole, nous accueille avec un enthousiasme bien réconfortant bien que nous ayons eu du mal à nous trouver.

Je n’ai pas eu d’autres choix que de mettre au point une nouvelle technique de communication avec les hôtes locaux très mal à l’aise avec la langue de Shakespeare. Ayant beaucoup de mal à traduire l’anglais « mongol », les gestes étant compliqué au téléphone, je n’hésite pas à apostropher un passant que j’imagine plus en capacité de comprendre et lui pose mon téléphone dans la main presque de force, afin qu’il traduise par des gestes la direction à suivre et explique par la même occasion à mon hôte l’endroit où nous nous trouvons. 

Je décide d’ailleurs de retenir cette « bonne pratique » pour la suite de notre périple en retenant cette situation certes cocasse mais extrêmement productive. J’avoue ressentir à ce moment une certaine fierté en racontant à mes compagnons de voyage ma prouesse, voyant en moi naître la jeune expérience d’un baroudeur en « potentielle » galère..


La journée du lendemain commencera par un très long travail sur le blog avec mon acolyte basé en France se bagarrant toute la nuit avec les turpitudes informatiques, les bugs arrivant même en Sibérie orientale !!

Et puis nous sommes allés admirer une dernière impressionnante statue de Lénine, la plus grosse au monde dit-on, que Pierre essaie néanmoins de porter à bout de bras...




La visite de notre premier temple Bouddhiste confirme notre arrivée dans des terres chères au Dalaï-lama : Datsan “Rinpoche Bagshan”.

Après un déjeuner tardif le jour de l’anniversaire de nos 23 années de mariage, nous préparerons notre dernier voyage en train, le plus long : 3 jours et près de 3000kms afin de rejoindre Vladivostok.


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