Ce voyage au Vietnam ne restera pas un modèle du genre en ce qui concerne la cohérence géographique et donc forcément notre emprunte carbone dans ce pays n’est pas des plus parfaites... pour ne pas dire autre chose !
Le jeudi 27 décembre avant de prendre la route pour Chau Doc, balade racontée par Pierre il y a quelques jours, nous avons reçu un message de nos copains Les Paz Partout qui eux se situaient à Hanoï, nous expliquant que leurs amis devant les rejoindre pour le réveillon et quelques vacances avaient été bloqués à l’aéroport pour un problème de passeport non valide... la tuile...
Forcément ils étaient très déçus !
Avec Stéphanie, on savait qu’il était un peu long de rester dans le delta du Mékong jusqu’au 4 avant de revenir à Ho Chi Minh pour quitter le pays. Stéphanie avait en plus quelques regrets de ne pas avoir visité le nord Vietnam.
Nous avons donc très vite réfléchi et le coût de l’avion étant plutôt très abordable, nous leur avons suggérés l’idée que nous pouvions les rejoindre d’autant qu’ils envisageaient eux aussi une escapade dans l’extrême nord.
Et voilà, c’est au moins l’avantage d’être en “Tour du Monde” et d’avoir une sacrée liberté.... nous avons acheté 3 billets pour Hanoï et dans le même temps, eux se sont occupés de réserver le sleeping bus qui allait nous amener après 7h de route tout prêt de la frontière Chinoise.
Après Chau Doc, le 29 décembre, nous sommes donc revenus sur Ho Chi Minh pour 2 nuits ... nous vous raconterons dans notre dernier article, notre Ho Chi Minh Story..
Le 31, nous avons donc pris l’avion direction Hanoï, pour retrouver nos Paz Partout...
Trop contents de se revoir sans vraiment savoir ce qu’il allait advenir de cette semaine où ils avaient étudié une boucle moto... de la “rigolade” après celle des “Bolovens” au Laos que nous avons respectivement faite chacun de notre côté à un mois d’intervalle.
Ce que nous n’imaginions pas, c’est que notre aventure allait démarrer très très vite et pas forcément comme on l’avait envisagé..
Tout d’abord, pour trouver le quai du sleeping bus devant nous amener à destination, il nous aura fallu pas mal de temps, tellement l’enchevêtrement de bus, de gens, de mini bus complique la tâche... mais nous avons fini par trouver le fameux endroit où le bus de la Compagnie Hung Thang Travel allait nous “ramasser” pour rejoindre la ville de Ha Giang.
Après quelques minutes et un déjeuner frugale (habituel Pho local !), “notre” bus est arrivé...
De couleur “Jaune”, je n’étais pas inspiré soit dit en passant...
Et puis, après un contact chaleureux avec le chauffeur, qui m’a donné les tickets dans la main en m’expliquant le prix, les choses se sont gâtées ... et quand je dis « gâtées », je n’exagère pas, pour une fois...
Je lui ai montré mon téléphone sur lequel était indiqué que nous avions procédé à la réservation sur le net via une centrale spécifique.
D’un revers de mains fort désagréable, il me “jette” hors du bus alors qu’il avait déjà chargé l’intégralité de notre paquetage dans les soutes. Je le vois donc sortir d’un pas décidé pour extraire avec une certaine violence, nos pauvres backpacks de son bus...
Sachant qu’il doit s’agir d’une erreur, nous insistons lourdement...
Puis, devant le refus systématique et véhément, notre groupe de 7 constitué de 4 adultes se scinde, les filles repartent à l’endroit où se trouve ce qui fait office de « guichet » à cette compagnie de transport, une sorte de cahute plutôt délabrée dans laquelle le guichetier semble plutôt très fatigué... non, non, ce n’est pas une blague !!
Avec Marco, nous ne cessons pas notre insistance auprès du chauffeur puis du préposé à l’encaissement et au placement des voyageurs dans le bus.
Durant pas loin de 30’ nous nous bagarrons avec notre « google translate », nos interlocuteurs ayant décidé de ne pas comprendre le moindre mot en anglais, pour faire valoir notre bon droit de voyageur.
Peut-être quelque peu surpris par la scène, certains voyageurs et voyageuses semblent vouloir nous venir en aide... en vain...
Nous appelons la centrale de réservation par laquelle nous sommes passés pour commander nos billets sur le net et puis la conversation se coupe.
Pauline insiste à son tour en tentant de montrer nos réservations reçues par mail et se fait pratiquement projeter par le « policier » du bus.
Marco est excédé et manque d’en venir aux mains, chaud mexicain qu’il est... il nous faudra le raisonner quelques secondes.
A mon tour je ré-insiste en interrogeant le chauffeur sur les raisons de son agressivité... il continue à être des plus dédaigneux et désagréable et fait mine de ne pas me voir.
Je décide alors de m’asseoir sur les marches du bus et me met à parler en haussant le ton afin que le scandale devienne de plus en plus évident : « I paid, I stay here !.... I paid, I stay here !! » il va de soit que c’est ma toute première colère dans la langue de Shakespeare et je trouve aisément les mots, sous les yeux quelque peu médusés de mon fils s’inquiétant visiblement de la tournure des évènements.
Quelques secondes à peine et une dame arrive, la situation se débloque..
Non pas que mon intervention ou celle de Marco aient eu une influence si ce n’est d’ameuter un grand nombre de vietnamiens curieux autour de nous, mais malgré tout, notre lourde insistance, en groupe avec des enfants, finissant par montrer des signes d’agacements significatifs malgré une volonté de diplomatie a fini par payer.
Très franchement nous n’avons pas vraiment compris pourquoi la situation s’est débloquée, peut-être la compagnie a-t-t-elle finalement eu la centrale de réservation au téléphone ??
Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que notre statut de touristes ayant réservé sur le net n’ait pas beaucoup arrangé le chauffeur et son « policier » qui doivent probablement s’arrondir les fins de mois avec des passagers non prévus.
En effet, dans ces compagnies de bus du nord du Vietnam ce qui semble moins le cas au Sud, les compagnies se livrent une farouche concurrence, abusent des chauffeurs et des accompagnateurs en terme d’horaires de travail complètement fous, ce qui rend d’ailleurs pas mal de ces trajets dangereux et réputés comme tels.
Il s’agit pour ainsi dire de notre première galère « transport » depuis le début de notre TDM et cela se termine plutôt bien car nous finissons par tous embarquer dans ce fameux sleeping bus pour 7 à 9h de route en espérant arriver entiers pour passer la nouvelle année.
Nous nous installons tous dans nos couchettes respectives et auront même le luxe de tester les « chaussons » locaux permettant de descendre du bus lors des arrêts « pipi-repas » pour éviter de remettre nos chaussures.
Le voyage se déroulera plutôt bien malgré les déboires de certains voyageurs qui ont un estomac qui ne supporte visiblement pas bien le pilotage quelque peu sportif de notre chauffeur.
Une nouvelle fois à destination, nous serons « jetés » du bus à quelques centaines de mètres de notre hôtel. Il est environ 21h30!
C’est dans un hôtel simple mais dont l’accueil est des plus chaleureux que nous allons passer notre réveillon autour de quelques « clubs sandwiches » et bières locales à converser avec nos proches qui eux sont encore en 2018.
C’est donc frais et dispos que nous allons attaquer cette boucle à moto d’environ 350kms que nous projetons de réaliser en 4 jours.
En effet, nous devons être de retour à Ho Chi Minh le 5 pour récupérer les affaires laissées chez Linh notre hôte et de nous envoler pour l’Australie et nos amis devant prendre leur avion depuis Hanoï pour l’Indonésie le 6... des emplois du temps très chargés !!
Nous louons nos 4 motos directement à l’hôtel, pratique extrêmement courante dans cette région mais également dans toute l’Asie et partons donc tous les 7 pour ce qui va se révéler être pour moi le « haut » du Vietnam.
« Ridant » fièrement ma motocyclette dans le froid (qui je dois l’avouer, commençait sérieusement à me manquer !... le froid, pas la moto, vous avez compris!...), mon fils bien accroché à ma taille, nous avons adoré faire cette grande boucle, dans ces paysages somptueux malgré une météo capricieuse, à la découverte d’une vie tellement authentique nous donnant l’impression d’être installés dans une machine à remonter le temps...
La première journée, nous avons rejoint Yen Minh en environ 110kms.
Malgré le froid, nous avons été étonnés de voir que ces Vietnamiens du nord vivent tout autant à l’extérieur que ceux du sud; il y a toujours autant de nourriture à vendre sur le bord des routes même si les produits changent un peu et les chauffeurs conduisent toujours aussi vite et dangereusement dans ces montagnes tortueuses.
Il semble que la condition de la femme soit toujours aussi précaire dans cette partie du pays, question de culture diront certains... il n’empêche que cela surprend de les voir à des tâches que l’on peut qualifier de très pénibles : construire des maisons, porter des quantités impressionnantes, travailler dans les champs, participer activement aux travaux publics.
La première nuit sur les 3 nous a été proposée de façon originale puisque notre « hôte » qui ne le savait pas encore et nous non plus au moment de notre rencontre, nous a interpellé à l’entrée de la ville pour nous proposer sa guesthouse.
Méfiants mais peu surpris par sa démarche, nous l’avons suivi et après une petite négociation, avons décidé de passer la nuit dans cet endroit qui pour le moins que l’on puisse dire était fort agréable et chaleureux.
Nous avons passé une excellente soirée, une sorte de réveillon du 1er le 2 janvier : apéro à l’alcool de maïs autour du feu, dîner melting-pots avec Australiens, Vietnamiens et Canadiens... entre ceux qui n’ont jamais vu la neige et ceux qui n’ont jamais vu les mers chaudes....
La nuit suivante, mis à part le coq qui a désespérément tenté de nous bercer, a été excellente sur des matelas d’un confort redoutable et des couettes tellement agréables qu’il nous a été difficile d’en sortir pour affronter le froid du petit déjeuner servi en extérieur...
C’est donc d’un pas alerte, ou plutôt d’un coup d’accélérateur à main décidé, que nous avons à nouveau enfourché nos motos le lendemain matin pour notre seconde journée où nous avions prévu de rejoindre Dong Van après un passage tout proche de la frontière Chinoise à Lung Cu encore une bonne centaine de kilomètres....
Nous avons visité un village Mong dans cette région classée par l’UNESCO où certains villages mettent à disposition quelques habitations permettant de voir comment vivent les populations locales....
Initiative visant à protéger les peuples autochtones mais qui par moment me met particulièrement mal à l’aise.
J’imagine difficilement le contraire, mettant à disposition ma maison pour que de touristes venus du monde entier viennent voir comment j’utilise mon Mac, mon lave-vaisselle ou encore la douche multi-fonction.
J’avoue que malgré les remarques de Stéphanie me disant régulièrement que je me pose trop de questions, il faut bien reconnaître qu’il y a de quoi s’interroger sur notre curiosité quant à observer comment et pourquoi certaines populations vivent de telle ou telle façon et surtout lorsque l’on a l’impression qu’elles vivent avec bien peu de choses... ou tout simplement l’essentiel .. qui sait ?
J’ai noté quand même que vivant dans des conditions qui paraissent précaires, ils étaient en train d’installer un écran de télévision dernière génération dans ce qui leur sert de salon alors que la cuisine, elle, semble plutôt datée de l’époque de « Jacquou le croquant »...
Nous avons bien senti que notre visite payante à l’entrée du village pour une somme dérisoire mais leur permettant peut-être d’accéder à davantage de « confort » les laissait très indifférent.... en tous les cas sur le plan humain, bien que j’ai pu prendre un cliché pouvant évoquer le contraire.
La suite de la journée a été un peu plus compliqué pour moi malgré une route toujours aussi spectaculaire.
Nous nous sommes arrêtés à un marché « typique » où nous avons pu voir beaucoup plus de produits contrefaits importés de la Chine se trouvant à quelques kilomètres à un croisement nous amenant vers la frontière chinoise.
Nous avons ensuite pris la direction de Lung Cu dernier village vietnamien sans grand intérêt sauf pour s’apercevoir que j’avais quelques minutes ou heures auparavant perdu mon portefeuille, certainement tombé de la poche de mon blouson au marché situé 25kms au sud.
Portefeuille dans lequel se trouvaient : entre 3 et 4 millions de dong, 70 dollars US, ma carte SIM française et ma carte Visa....
Contrarié et persuadé que le fabuleux « butin » devait déjà être en bonnes mains, j’ai immédiatement fait opposition en ligne, ne me faisant que peu d’illusions sur la potentialité de retrouver mon bien.
Le déjeuner englouti que j’ai eu du mal à terminer, j’ai laissé mes compagnons de voyage terminer paisiblement leur repas pour faire le chemin inverse et tenter de retrouver sur le bord d’une route le précieux sésame...
Je ne sais pas pourquoi, j’avais envie de croire encore au Père Noël.
Motocyclette enfourchée, accompagné de Pierre, nous nous sommes répartis les tâches en regardant chacun d’un côté de la route.
J’étais vexé et heureux d’entendre mon fils me dire : « Papa, c’est pas grave ! » en rajoutant, « si ça se trouve, quelqu’un l’a récupéré et va te le rendre au marché»...Rapidement, nous en avons profité pour analyser nos « chances »... En se basant sur le salaire mensuel moyen au Vietnam, beaucoup plus bas en plus dans cette partie du pays, j’ai estimé la perte à au moins 6 mois de revenu moyen pour un habitant de cette région.
Plutôt que de m’abattre moralement, cette perspective m’a quelque peu redonné le sourire. J’ai immédiatement considéré cette perte à un don involontaire, voir un abandon inconsciemment volontaire. J’ai eu envie durant cette chevauchée fantastique sur le dos de ma motocyclette, d’imaginer une femme Mong portant ces fardeaux de bois, tomber sur mon portefeuille « rip curl » noir à bandes jaunes.. décidément, cette couleur ne doit pas me sied idéalement...
Bien évidemment, nous n’avons pas retrouvé ce vilain portefeuille mais nos compagnons de route et avons pris un autre chemin pour rejoindre la ville de Dong Van pour y passer notre seconde nuit.
Il ne nous a pas été facile de trouver un hôtel sympathique, non pas qu’ils étaient complets ou qu’ils n’y en avaient pas , bien au contraire... les hébergements pullulent et nous nous faisons « agresser » afin de s’installer dans l’un d’entre eux.
Il faut reconnaître que nous n’avons pas été particulièrement inspiré contrairement à la nuit d’avant d’autant que nous étions frigorifiés et que les « climatisations » n’ont que le bouton de réversible... en aucun cas, elles ne font de la chaleur.
Nous avons donc rapidement avalé un dîner dans le froid et après une nuit plus que moyenne sur des matelas affreusement durs, un passage sur le marché qui nous a réservé encore de surprenants mets, nous n’avons pas trainé pour quitter cette ville et aborder ce qui s’apparentait à la plus belle partie de la boucle.
Entre Dong Van et Meo Vac, nous ne garderons en souvenir que de brèves apparitions de paysages soit-disant fabuleux, le brouillard étant tellement dense.....
Pétris par le froid, nous avons dû nous arrêter pour tenter de nous réchauffer autour d’un feu et d’un chocolat chaud.
Ayant le choix pour le chemin du retour, nous avons décidé de repasser pour notre 3ème nuit par Yen Minh et envisagé de passer une nouvelle nuit dans la guesthouse qui nous avait si bien accueillis pour notre première escale.
Malgré la météo chaotique, la route nous y menant fut encore absolument magnifique bien qu’un arrêt brutal devant une menuiserie typiquement vietnamienne en bord de route a provoqué une chute de Pauline et Anna de leur motocyclette, nous ayant fait très très peur mais sans grand bobo.
Le lendemain matin, pour notre dernière journée, la météo était plus clémente et bien que nous ayons pris la même route qu’à l’aller, nous nous sommes régalés avec une nouvelle fois des paysages à couper le souffle pour rejoindre Ha Giang, y passer notre dernière nuit avant le retour prévu en bus le samedi.
Après un voyage retour sur Hanoï le samedi 5 janvier qui s’est passé celui-ci sans la moindre difficulté, nous nous sommes quittés avec nos copains les PazPartout sur le quai de la gare routière très heureux d’avoir passé cette semaine ensemble dans cette aventure... un peu guerrière (Warriors !!), disons-le avec nos enfants blottis dans notre dos sur l’arrière de nos motos.
Bien que conservant des caractéristiques communes avec ce que nous avons vu dans le reste du pays, nous avons pu faire connaissance avec un Vietnam plus apaisé, moins bouillonnant, certainement plus « pauvre » mais aussi plus authentique et encore « un peu » préservé.
Cette escapade nordique a donc été des plus rafraîchissantes et nous a permis de reprendre notre avion très heureux de cette semaine avec nos amis, pour terminer notre trip vietnamien de 47 jours à Ho Chi Minh avant de quitter l’Asie pour l’Océanie.